Quel est le point commun entre les fondateurs de HP(Bill Hewlett et David Packard), un Steve Job et les créateurs de Google ?
L’aventure de ces pionniers en matière d’innovation technologique ont toutes commencé dans un garage.
Ce lieu propice qui fait souvent office de débarras, serait-il un lieu magique, stimulateur de matière grise ?
Trente ans avant Apple, Hewlett-Packard (HP) est né dans une remise d’une villa californienne.
Et si avec un chiffre d’affaires de plus de 115 milliards de dollars en 2009, ils sont le premier fabricant d’ordinateurs au monde, les deux fondateurs sont à l’origine d’une révolution autre que technique.
Celle d’un nouveau concept de management : « The HP Way » (La voie HP)
Quo… Kasako ?
C’est un nouveau mode de direction basé sur la créativité des salariés en leur accordant une confiance totale.
Une stratégie gagnante qui a inspiré depuis, des milliers de fondateurs de start-up.
Sergey Brin et Larry Page notamment, qui un demi-siècle plus tard, ont créé un insignifiant petit moteur de recherche nommé Google.
Ils ont calqué sur leurs ainés Bill Hewlett et David Packard cet état d’esprit visionnaire avec un sens aiguë de l’organisation.
The HP Way, dites-vous ?
Naissance de la Silicon Valley
Comme dans toute bonne histoire qui se respecte, c’est avant tout l’amitié complémentaire de deux étudiants en électronique à l’université de Stanford qui constituera le terreau du mythe.
David Packard, le sportif charismatique et audacieux et Bill Hewlett, l’intellectuel dyslexique et inventif.
Passionnés tous les deux par le camping et la pêche, ils décident lors d’une escapade dans le Colorado de faire des affaires ensemble.
L’aventure HP démarrait.
Cinq ans plus tard, ils fabriquent des oscillateurs audio de précision.
Avec 538 dollars en poche et l’aide de leur professeur Frederick Terman, qui s’évertue de rapprocher l’université du monde de l’entreprise, ils s’installent dans le fameux garage (maison de Packard) en 1939.
Un de leur premier et non moins prestigieux client, le géant Disney en commandera huit pour synchroniser les effets sonores du dessin animé « Fantasia ».
La décennie suivante verra une multitude d’inventions électroniques comme des générateurs de signaux pour la marine et des brouilleurs de radars utilisés durant la seconde guerre mondiale.
150 employés composent dès lors la toute jeune entreprise dont la répartition des tâches est parfaite.
L’administrateur Packard travaille de concert avec l’inventeur Hewlett.
Pour choisir le nom de leur société, ils tirent au sort la première lettre qui apparaîtra dans leur patronyme HP.
Ce souci d’équité annonce dors et déjà leur conception nouvelle des relations professionnelles.
À ce moment, ils ne le savaient pas encore, mais les deux amis venaient d’écrire une page d’histoire.
Puisque le garage dans lequel, l’entreprise démarra, fut officiellement déclaré en 1989, lors du cinquantième anniversaire de la firme, « lieu officiel de naissance de la Silicon Valley ».
Un nouveau mode de management
À cette époque, les méthodes de direction classique reposent sur une structure hiérarchisée souvent rigide dont l’obéissance silencieuse du personnel est de coutume.
Hewlett et Packard changent les donnes.
Ils font confiances aux gens selon une base de respect mutuelle.
Chacun de leurs employés doit s’amuser et s’épanouir dans son travail.
Les deux hommes résument d’ailleurs leur charte en différents points majeurs :
Premièrement, les meilleurs résultats surviennent lorsque vous recruter les bonnes personnes.
Deuxièmement, vous instaurez un climat de confiance en elles.
Ensuite, vous leur donnez la liberté de trouver les moyens de réaliser leurs objectifs.
Enfin, vous les laissez profiter des compensations qu’ils reçoivent de leur travail.
Cette autonomie accordée au personnel s’accompagnent également de différentes méthodes qui révolutionnent définitivement le management.
Dès 1939, les bureaux sont organisés en « open space ».
Les patrons laissent leur porte ouverte afin d’inciter les salariés à venir les voir.
Des bonus indexés sur les profits sont distribués.
Hewlett et Packard établissent aussi une véritable proximité vis-à-vis du personnel, en visitant chaque mois tous les bureaux et usines de leurs entreprises.
Ils organisent un pique-nique annuel au cours duquel ils servent eux-mêmes les grillades.
En 1957, lorsque la compagnie fit son entrée en bourse, tous les employés se virent accorder des actions.
HP fut aussi l’un des premiers à promouvoir le temps flexible, à proposer des cours du soir et un système d’assurance maladie.
Afin de motiver davantage leur troupe, nos deux fondateurs ont toujours privilégié la promotion interne.
John Young comme Lewis Platt, les deux premiers P-DG qui leur ont succédé, étaient issus des rangs de la firme.
Une méthode effectivement bénéfique pour une réussite exponentielle.
Innovations technologiques
Les deux entrepreneurs non content de révolutionner le monde du management, innovent également en matière de recherche.
Durant cinquante ans, ils travaillent avec rigueur en testant différents prototypes.
N’hésitant pas à abandonner des projets si les résultats s’avèrent peu concluants, ils se concentrent sur le développement de produits plus prometteurs.
Ainsi dans les années 70, HP invente la calculatrice scientifique de poche avant de se lancer très tôt dans la fabrication de micro-ordinateurs.
En 1984, l’entreprise inaugure à nouveau en créant la première imprimante à jet d’encre.
Ce qui les conduit directement à être le leader de ce produit, même encore aujourd’hui avec 50 % du marché mondial.
Aussi lorsque les deux amis décident de prendre leur retraite en 1978, une ultime reconnaissance les attende au-delà d’une vie professionnelle accomplie.
Hewlett et Packard assistent fascinés – tels des athlètes dans une course de relais qui transmettent
le bâton à leurs coéquipiers pour continuer la compétition – à la reprise de leur culture entrepreneuriale par les nouveaux princes du high-tech.
D’Apple à Yahoo ! en passant par
Google, tous s’inspirent du
HP Way.
À titre d’anecdote, un jour un gamin de douze ans appelle directement Bill Hewlett pour demander de lui fournir des pièces détachées destinées à un équipement électronique.
Devant l’aplomb du jeune garçon qui n’était rien d’autre que
Steve Jobs, l’entrepreneur lui propose du travail pour l’été suivant.
Steve WozniaK, l’autre fondateur d’Apple, travaillera aussi pour HP, avant de rejoindre son acolyte Jobs dans son garage pour lancer un projet devenu depuis mondialement célèbre.
Même après la disparition des pères fondateurs Packard et Hewlett de la voie HP, décédés en 1996 et en 2001 – ils ont consacré 95 % de leur fortune en oeuvre caritatives – l’entreprise prospère jusqu’en 2005.
Toutefois, la crise et quelques erreurs stratégiques n’ont pas épargné HP qui affiche une perte de 12,6 milliards de dollars en 2012, perdant ainsi son rang de numéro un mondial des PC.
Gageons que la firme puisse bientôt se remettre en selle rapidement et s’inspirer plus que jamais de l’esprit d’innovation de leurs fondateurs : David Packard et Bill Hewlett.